PREMIERE JACQUERIE DE 2024 DES AGRICULTEURS. 18-01 à 3-02

POURQUOI UNE JACQUERIE:
Oui il s'agit bien d'une jacquerie de nos agriculteurs ce janvier 2024 pour rejeter et se sauver d'une mise à mort de notre agriculture et pour crier leur désespoir devant un gouvernement français qui les méprisait. Le lundi 29 janvier, ils étaient 10.000 mobilisés dans toute la France, avec 5000 engins agricoles. Il faut savoir que nos exploitants agricoles sont aujourd'hui moins de 420.000. Ils sont peu représentés en conseil municipal, ils ont disparu de l'Assemblée Nationale. Les agriculteurs ont pour point commun et contre eux de partager une extrême sensibilité à la versatilité des décisions politiques.
REVENU MOYEN NATIONAL DE LA PROFESSION AGRICOLE EN 2022 (Source Agreste,2022.):
56014 euros par an (avant impôts) soit 4667euros par mois MAIS MALHEUREUSEMENT IL Y A UN OCÉAN DE DISPARITÉ
Un éleveur porcin a gagné en moyenne six fois plus qu'un éleveur ovin ou caprin
Éleveur porcin: 124.409 euros    
Éleveur ovin ou caprin 19.819 euros.

Il faut également savoir que 20% des agriculteurs n'arrivent pas à joindre les deux bouts avec leur activité.

QUE LEUR PROPOSE LE GOUVERNEMENT:
- L'abandon de la sortie progressive de l'avantage fiscal sur le gazole non routier
- Une série de simplifications immédiates sur un large panel de sujets à savoir des haies pour qu'il n'y ait qu'une seule réglementation au lieu de 14; aux contrôles administratifs limités à un contrôle par an et jusqu'à la réduction des délais de recours contre un projet agricole, comme les bassines ou les bâtiment d'élevage.

A MON AVIS DU GRAND N'IMPORTE QUOI!

Remarque de Marie-Andrée BESSON, éleveuse de vaches laitières dans le Jura, retraitée.
Coprésidente de l'association SOLIDARITE PAYSANS:
Interview accordée à l'hebdomadaire chrétien d'actualité LA VIE N°4092.

"La colère des agriculteurs est tout à fait légitime. Solidarité paysans (qui accompagne chaque année 2.500 famille en France) se bat depuis plus de 30 ans à leurs côtés pour dénoncer ce manque de reconnaissance et le fait qu'ils ne puissent pas vivre dignement de leur travail. Mais aujourd'hui, les revendications qui ressortent le plus dans le débat public ne sont pas celles qui vont résoudre les problèmes. Pour y répondre, il faut aller chercher à la racine de notre modèle agricole, conçu par les lois modernisation agricole dans les années 1960.
Les pouvoirs publics ont demandé aux paysans, à coups de subventions, de produire toujours plus, avec moins de bras. Les conditions d'exercice du métier se dégradent: dépendance aux aides publiques, endettement chronique, surcharge de travail, charge administrative croissante, perte d'autonomie, solitude accrue... Lorsqu'il frappent à notre porte, ils sont souvent plongés dans une grande détresse économique et psychologique, piégés dans cette course en avant vers une agriculture exportatrice et industrielle. notre accompagnement dure en moyenne trois ans: plus de 70% des personnes réussissent à redresser leur exploitation. A la fois en adoptant une agriculture plus vertueuse pour l'environnement et en regagnant en autonomie. Ils retrouvent du sens dans leur métier."

NICOLAS FORTIN, éleveur de vaches allaitantes dans la Vienne
secrétaire national de la Confédération paysanne.
Interview accordé à l'hebdomadaire chrétien d'actualité LA VIE -N°4092-

LES AGRICULTEURS NE SONT PAS HOSTILES AUX NORMES ENVIRONNEMENTALES.
"Le ras-bol général qu'expriment les agriculteurs depuis plusieurs semaines est d'autant plus légitime que le problème de la rémunération est profond. Les lois EGALIM 1 et 2 ont échoué à assurer aux paysans un revenu décent. Lors des négociations des prix d'achat des produits agricoles, le rapport de force entre les agriculteurs, les industriels et la grande distribution n'est toujours pas équilibré.
La loi devrait imposer la fixation d'un prix qui recouvre au minimum les coûts de production et la rémunération de l'agriculteur, à l'instar de l'Espagne, qui a instauré des prix planchers.
La logique des accords de libre-échange (UE-NouvelleZélande, UE-Mercosur, etc.) place par ailleurs les paysans en concurrence les uns avec les autres. Il est temps de protéger nos marchés, mais sans tomber dans l'écueil du repli sur soi, et sans rogner les normes environnementales.
L'agriculture est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre. Les paysans sont les premières victimes du changement climatiques: on l'a vu récemment avec la tempête Ciaran, les inondations dans le Nord et le Pas-De-Calais, la maladie hémorragique épizootique qui touche les élevages bovins, la sécheresse de l'été 2023, etc. Ils ne sont du reste pas hostiles à prendre leur part: lorsque la P.A.C. a mis en place les mesures agroenvironnementales et climatiques, il y a eu plus de demandes éligibles que de budget initialement prévu dans une région agricole comme la Bretagne!"

CRAINTES ET DANGER RÉEL.

1- Aujourd'hui les investissements agricoles pour agrandir une exploitation, construire une porcherie, etc, se chiffrent en plusieurs milliers d'euros.
2- Il y a plus grave à cause de l'ignorance que portent les décideurs politiques à l'égard de l'expertise que font les exploitants agricoles, expertise pleine de bon sens et de réalisme économique; j'en veux pour exemple le Green Deal porté par la commission européenne qui exige d'atteindre la neutralité carbone en Europe d'ici 2050 en stipulant par ailleurs que l'agriculture biologique devra représenter au moins 25% des terres agricoles en 2030.
3- Savez-vous qu'aujourd'hui nous en sommes à moins de 10%?
4- Le modèle productiviste exigé dans les années 1960, obtenu à grands coups de subventions provoque actuellement des ravages, les premières victimes de la compétitivité à l'export et de la course au gain de productivité sont les agriculteurs, forcés de s'agrandir pour survivre et dont les revenus stagnent alors que les exploitations n'ont jamais été aussi grandes.

LE DANGER:
Nos bonnes vieilles fermes d'antan, ferme familiale raisonnée, ni trop intensive ni hautement qualitative, sont en train de mourir et nous consommateurs nous suivrons soyez en sûr!

LES ECOLOGISTES, CES DIABLESSES ET DIABLES QUI FONT PEUR.
Que ce soit Emmanuel Macron ou Gabriel ATTAL et son gouvernement ils ont peur de ces diablesses et diables que sont les écologistes. Pour les détruire ils avaient espéré que la "première jacquerie 2024" des agriculteurs allait être la bonne énergie pour griller l'écologie.
Pour eux, surtout pour Emmanuel Macron, il fallait entendre le cri et le mal-être des agricultrices et agriculteurs qui croulent sous les injonctions contradictoires, les normes et surtout LES DETTES. Hélas, comme très souvent, les nécessaires compromis sociaux ont été fait sur le dos de l'écologie, une belle aubaine pour Emmanuel Macron et Gabriel ATTAL de montrer du doigt comme bouc-émissaire les écologistes.
Cette manière de pratiquer condamne les mesures proposées à n'être que des mesures de court terme, très court terme, une crise en masquant une autre très prochainement. Emmanuel Macron, Gabriel ATTAL connaissent l'impact dramatique des pesticides sur la biodiversité, la santé et même la fertilité ne cesse de se confirmer mais ils préfèrent la fuite en avant plutôt que de se donner les moyens d'une vraie transition écologique vers un modèle vertueux et d'en fournir tous les moyens aux agriculteurs, toujours plus dépendants des intrants chimiques pour ne pas se mettre à dos les lobbyistes de l'industrie du machinisme agricole et de l'agroalimentaire.
Aujourd'hui la destruction des haies et l'appauvrissement des sols se poursuivent avec un incroyable acharnement malgré les efforts inhumains et réels de quelques exploitant(e)s agricoles.
Les constats scientifiques sont là et leurs preuves aussi. Hélas celles et ceux qui revendiquent incarner le "CAMP DE LA SAGESSE" sont frappé(e)s de surdité au nom de la paix sociale. Celles et ceux qui ne sont pas dans le déni pur et simple sont malheureusement convaincu(e)s que seules la modération et la conciliation extrêmes de modèles antagonistes sont des réponses adaptées à la crise.
Laissez-moi penser ou croire que l'agriculture mérite mieux que cela et l'humanité aussi.