L'ORDRE DE CÎTEAUX

I- FONDATION DE L'ABBAYE.
L'abbaye de Cîteaux (Côte d'Or) avait été fondée à la fin du XI ème siècle par Saint Robert de Molesmes, dans la volonté de créer un foyer monastique attaché à la stricte observance de la règle de Saint Benoît et à son esprit.
Dans cet effort de rénovation de la vie monastique, à côté d'éléments proches de ceux de Cluny prés de deux siècles auparavant, plus d'un trait, les différenciait profondément.
1)- En tout premier lieu, Cîteaux avait été placè dés le départ sous le signe d'une extrême austérité (conditions de vie des moines, sites, bâtiments): les cisterciens faisaient de l'ascétisme et de la pauvreté leur école de perfection; leur liturgie était de la plus grande sobriété possible.
2)- En second lieu, les moines devaient travailler manuellement; on peut noter à cet égard que les fondations cisterciennes, généralement établies en des régions désolées, ont été partout des agents extrêmement efficaces de mise en valeur économiques, et que les conditions de vie des moines les ont mis de plain-pied avec les paysans.

II- ARRIVÉE DE SAINT BERNARD.
Lorsque le jeune Bernard de Fontaine, futur Saint Bernard, entra à l'abbaye de Cîteaux en 1112, l'abbé en était Saint-Étienne Harding, un de ses fondateurs avec Saint-Robert. Étienne n'avait pas encore rédigé sa charte de charité, qui, quelques années plus tard (1119), dota l'ordre de sa constitution fondamentale. Celle-ci précisa les modalités de la vie des moines et celles de l'organisation de l'ordre.
A la différence encore de Cluny, son organisation ne fut pas centralisée; son gouvernement fut confié à un chapitre général annuel réunissant tous les abbés de l'ordre, lesquels étaient élus chacun par les moines de leur abbaye. Cette institution, originale à l'époque et d'esprit authentiquement démocratique, devait connaître un grand retentissement et être adoptée par la suite par les diverses congrégations bénédictines et bien d'autres ordres.
1)- Conséquences:
Comprenant le concours qu'un ordre aussi imprégné d'esprit évangélique pouvait apporter à leur œuvre de régénération de l’Église, les papes les prirent très vite sous leur protection, Pascal II le premier en 1100. Les abbayes de l'ordre furent aussi placées sous le régime de l'exemption, qui les mettait  à l'abri de toute ingérence épiscopale; l'évêque n'avait pas le droit d'entrer dans l'abbaye même pour ordonner des prêtres! Par contre, bien des cisterciens devaient un jour être évêques.
Au moment de l'arrivée de Bernard, Cîteaux n'avait pas encore commencé à essaimer; il allait lui-même être envoyé fonder Clairvaux, avant de donner à l'ensemble de l'ordre une impulsion qui liera à jamais le nom de Bernard à celui des cisterciens.