Notre rôle
Si l'on pense à toutes les difficultés que les oiseaux doivent surmonter pour élever leurs petits et à la diversité remarquable des facteurs d'évolution qui assurent la survie des espèces, il ne fait aucun doute que l'on doit bien réfléchir avant de déranger des oiseaux pendant la période de reproduction.
De toute évidence, l'enlèvement des œufs se présente comme un vol qualifié et un acte de violence, que même la constitution d'une collection d’œufs ne saurait justifier, en dehors du fait qu'il est illégal de prendre les œufs de la plupart des espèces.
Par ignorance ou insouciance, on peut priver un oiseau de presque toutes ses chances de réussir à élever sa famille. Si l'on perturbe le déroulement normal du comportement des parents aux différents stades du cycle de reproduction, il peut en résulter un échec total dans l'élevage des jeunes. Certaines espèces sont très sensibles au moindre dérangement dès le début de la construction du nid et l'on peut involontairement causer leur désertion, il en résulte une perte de temps précieux passé à la recherche d'un nouvel emplacement, ce qui retarde tout le processus de la reproduction et, par la suite, leur fait perdre les meilleures possibilités d'approvisionnement en nourriture. D'autres sont plus sensibles pendant la période d'incubation. Même si les parents n'abandonnent pas définitivement le nid, on peut les obliger à rester trop longtemps éloignés et les œufs se refroidissent. Les oiseaux savent instinctivement combien de temps ils peuvent quitter leurs œufs sans risque, mais si l'on s'assied près du nid, même involontairement, on peut inquiéter et empêcher les parents de revenir couver; ceci peut se produire également après l'éclosion, et si l'on remarque un oiseau transportant de la nourriture dans son bec et se perchant à proximité d'une façon hésitante, il y a de fortes chances pour que l'on soit près d'un nid, il faut alors se déplacer et on pourra voir l'oiseau aller droit au nid.
Certains oiseaux rejoignent leur nid par une série régulière de mouvements d'approche, en utilisant des perchoirs successifs et bien définis; si l'on en fait disparaître un, on détruit un repère familier, ce qui creuse une brèche dans la voie d'accès routinière conduisant au nid. Même si l'on soulève seulement le feuillage autour du nid, pour prendre une photographie, on modifie l'aspect du site, le rendant plus accessible au prochain prédateur qui le repèrera plus aisément.
Dans un jardin, un oiseau qui couve restera le plus souvent sur son nid, même si l'on jardine au-dessous de lui, à condition que l'on ne s'arrête pas pour l'observer; si on le regarde fixement, mal à l'aise il s'envolera rapidement. En flânant nonchalamment à proximité de l'emplacement d'un nid, il est possible de l'observer du coin de l’œil en passant et de voir si l'oiseau couve, sans le déranger.
Cependant, les réactions humaines ne sont pas toujours guidées par le bon sens, nombreux sont ceux qui, par charité, recueillent un oisillon semblant abandonné, alors qu'en réalité il attend simplement sa nourriture; ces personnes charitables ne se doutent pas que les parents sont probablement aux aguets,sous le couvert, attendant leur départ pour reprendre le devoir paternel.
Le vieil adage "laissons-le à Mère Nature" n'est pas aussi follement sentimental qu'il paraît.
La sélection naturelle est une puissante force qui détermine les modifications de l'évolution en faveur de la survivance de l'espèce; même si l'on ne comprend pas très bien comment elle agit, il ne faut pas, au moins, essayer de rendre cette survie encore plus difficile.